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Visionner la vidéo d'Olivier Laquinte:
"Bonjour à vous deux,
Comme vous le savez car vous m’avez observé pendant plusieurs années, je suis un entrepreneur. À ce jour, j’ai bâtit Talsom, la firme que toi, Rafaëlle, tu aimes tant et dont tu portes souvent les chandails.
Comme vous le savez aussi, je fais parti, tout comme vous, d’une minorité visible.
J'ai grandi avec grand-maman, à Greenfield Park à quelques rues d’où nous habitons aujourd’hui. À l'époque, c'était assez homogène comme quartier. Les gens issus des minorités visibles étaient très rares.
C'est vers 6 ans que j'ai réalisé que je n'étais pas "blanc". Ça fait partie des souvenirs d'enfance dont je me souviens. Ça s'est passé Simplement, de la manière suivante.
J’ai demandé à Grand-Maman, pourquoi mes lèvres étaient plus grosses que les tiennes?
Elle m’a répondu que c’est parce que j’étais métis, parce que Grand-Papa est Haïtien et que les traits de mon visage sont différents.
J’ai répondu « Ok » et la vie a continué.
Au fil des ans, j’ai vécu quelques épisodes de racisme. Rien de trop grave si je me compare à d’autres. J’ai été chanceux. En fait, j’ai vécu juste assez d’épisodes pour que je réalise, que je comprenne et que la société me confirme que « je suis différent ». Je sors, tout comme vous, du lot, je suis une minorité visible. Et ça, ici comme ailleurs, ça vient avec son lot de préjugés auxquels il faut faire face. Au fil des années, on apprend à composer avec cette réalité, mais on oublie jamais. Les petites injustices vécues au fil des années sont comme des petites blessures qui ont laissé des cicatrices. Et comme celles qu'on a sur la peau, elles nous rappellent ces moments où l'on a été blessé. Au magasin, à l'hôtel, dans l'autobus, à l'école.
Il y a plusieurs embûches à surmonter quand on développe son entreprise, et les immigrants doivent en affronter quelques-uns de plus. À mon sens, il y en a trois auxquels un ou une entrepreneur issue de l’immigration doit faire face:
- Le premier, c’est le réseau, ou plutôt l’absence de réseau;
- Le second, c’est la compréhension des codes sociaux;
- Et le dernier, c’est la différence physique.
Les deux premiers challenges, sont particulièrement vrais pour les immgrants de première génération. Quand ces derniers arrivent au Canada, ils ne connaissent personne. Vers qui se tourner si on veut du financement? Vers qui se tourner pour trouver ses premiers clients, ces premiers employés? Il n’ont ni réseau, ni « historisque » ou référence locale.
Il en va de même Pour les « codes sociaux », et la culture des affaires. Il y a une foule de petits gestes que nous posons dans le quotidien et qui sont propres au Québec et au Canada. Sans qu’on s’en rende compte, ces derniers façonnent nos relations et ont un impact majeur sur la première impression que nous faisons. Pensons seulement au tutoiement qui est très particulier au Québec. Il nous permet de créer une proximité avec les gens que nous rencontrons rapidement, mais c’est propre à notre culture.
Nous sommes chanceux vous et moi. Je suis la deuxième génération et vous êtes la troisième. C’est grand-papa qui a dû tout apprendre lorsqu’il a quitté Haïti au début des années 70.
Par contre, nous avons une responsabilité, celle d’être généreux. Généreux de notre temps. Il me reste beaucoup de chemin à parcourir avant de me considérer comme un grand entrepreneur ou un homme d’affaires ayant eu du succès. Mais, il reste tout de même que j’ai acquis une certaine expérience au fil des années. Et cette expérience, je me fais un devoir de la partager avec les gens qui m’en font la demande, encore plus lorsque ceux-ci sont des immigrants. J’ai comme principe, de ne jamais refuser une demande de rencontre autour d’un café et, si vous suivez mes traces, j’espère que vous l’adopterez aussi. En faisant cela, nous donnons une chance à une personne de bâtir son réseau et de mieux comprendre les mœurs et coutumes de notre région. Il ne faut jamais sous-estimer la valeur d’une courte discussion pour quelqu’un. En acceptant une rencontre, on démontre à cette personne que non seulement on l’accepte, mais on la respecte. C’est déjà un bon coup de pouce à donner à quelqu’un se lance en affaire. Et en plus, on ne sait jamais ce qui peut ressortir d’une rencontre d’affaires.
Reste la différence physique. Encore là, nous sommes privilégiés de vivre à notre époque au Canada. Il reste encore du chemin à faire, mais les mentalités ont beaucoup évolué. Il faut toutefois continuer à travailler pour abattre la barrière des préjugés. Pour ce faire, je crois que la curiosité est notre meilleur outil, car elle démontre notre intérêt envers l’autre et nous aide à comprendre. Comment s’appelle le foulard que tu portes? Qu’est-ce qu’un kirpan? Pourquoi tresses-tu tes cheveux? J’ai déjà vu Mandela porter une chemise comme celle-là, d’où ça vient?
Autant de questions qui ouvrent la porte à des discussions qui font avancer les mentalités.
Les immigrants et les minorités visibles ont donc des défis supplémentaires qu’ils doivent affronter. Mais nous avons tous le pouvoir de les aider à les surmonter en étant à l’écoute de l’autre et en donnant un peu de notre temps. J’essaie de faire mon petit bout de chemin. J’ai confiance que vous continuerez à faire la même chose."
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Ressource supplémentaire: Lire cet article McKinsey & Company "What I learned from a conversation with John Lewis" (en anglais seulement)
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